"Tu te fous de moi, tu me manques constamment."

jeudi 5 février 2015

Eleanor & Park, de Rainbow Rowell

Présentation:1986. Lorsque Eleanor, nouvelle au lycée, trop rousse, trop ronde, s'installe à côté de lui dans le bus scolaire, Park, garçon solitaire et secret, l'ignore poliment. Pourtant, peu à peu, les deux lycéens se rapprochent, liés par leur amour des comics et des Smiths... Et qu'importe si tout le monde au lycée harcèle Eleanor et si sa vie chez elle est un véritable enfer, Park est prêt à tout pour la sortir de là.
Je n'attendais absolument rien d'un roman écrit par une fille qui s'appelle "Arc-en-ciel". Mais vraiment. Je me suis longtemps contentée d'observer les demoiselles qui me le réclamaient en librairie, et puis un soir, je me suis dit que j'allais le lire, histoire d'en avoir le cœur net. Jolie petite surprise!

Tout d'abord, ce bouquin se lit tout seul. On a à peine le temps de lire quelques pages que pouf! on découvre qu'on est déjà à la moitié du bouquin. Cela est dû au style de Rowell qui est très concis, qui va à l'essentiel, et qui arrive par je-ne-sais quel prodige à nous remettre dans nos baskets de lycéen(ne) mal dans sa peau, passionné(e), en quête de liberté. On se reconnaît malgré soi dans les portraits de Park et d'Eleanor, dans leur idylle maladroite et leurs sentiments trop forts pour qu'ils puissent les analyser convenablement. On pose aussi un regard attendri et compréhensif sur leurs déclarations trop passionnées, trop sincères et trop fortes pour leurs petits cœurs qui apprennent à maîtriser l'amour. Eleanor et Park sont deux ados fragiles et rêveurs à qui l'on veut faire des câlins, on veut leur dire qu'il faut à tout prix conserver cette naïveté et cette franchise malgré ce qu'on peut dire ou ce que l'on peut devenir...

Rowell, traîtresse. Aller chercher l'ado de 15 ans qui sommeille en nous, c'est vicieux. Parce que, quand c'est bien fait, ça marche.

De plus, l'action se passe dans les années 80, à l'époque où pour se parler, on devait attendre le lundi, oser passer un coup de téléphone sur le combiné familial ou s'écrire des lettres. Le succès de ce roman tient sans doute également à ce petit ton vintage, célébrant l'attente et les silences dans les histoires d'amour balbutiantes, à l'heure où l'amour va plus vite grâce aux textos et à Facebook.

Ce roman traite également des conflits familiaux, qu'il s'agisse de simples malentendus qui pourrissent avec le temps (entre Park l'androgyne et son père super viril) ou de vrais grands problèmes qu'on ne peut régler qu'avec l'aide des services sociaux (le beau-père d'Eleanor, alcoolique, violent et pervers, et sa mère tentant de joindre les deux bouts pour une famille de cinq enfants). La toile complexe des relations entre les gens est subtile, bien ficelée et surtout crédible. Bravo.

Ce que je reproche juste à ce roman, mis à part un dénouement horrible pour le lecteur qui le laisse sur sa faim, c'est parfois la grandiloquence des sentiments que partagent Eleanor et Park, chacun usant de l'autre comme d'une bouée de sauvetage. J'ai trouvé cela parfois un chouilla exagéré, à la limite du crédible, mais ça finissait toujours par passer au bout de quelques paragraphes. Peut-être que le côté exalté des sentiments entre les deux jeunes gens est indissociable de leur soif de vivre? J'ai également souvent trouvé que Park était trop bien pour être vrai, mais bon, je suis peut-être juste méchante avec la gent masculine!

En résumé, une très chouette découverte qui donne envie de découvrir la musique punk rock des années 80 et qui replonge en adolescence. Un roman qui nous permet de nous tourner vers la personne que nous étions à 15 ans et de lui faire un énorme câlin pour lui dire que tout finira par aller mieux.

Aaaah la vicieuse. Arc-en-ciel, je ne te pardonnerai pas.

3 commentaires:

  1. Je l'ai lu l'année dernière mais malheureusement je n'avais pas beaucoup accroché.

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  2. Je comprends tout a fait, quand tu dis que leurs sentiments étaient un peu exagérés, j'ai eu la même impression :)

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  3. @Charline : Je peux comprendre qu'on n'accroche pas, mon enthousiasme est sans doute dû au fait que je me reconnaissais dans beaucoup des situations décrites. Je vais lire d'autres Rowell pour me faire une idée plus juste de sa plume!

    @Acr0: Oui, c'est bizarre, hein? Ce côté "c'est crédible mais en fait pas du tout", une espèce de va-et-vient entre ce qu'on peut accepter de la part d'adolescents et ce qui est complètement surréaliste... Mais j'ai kiffé quand même :D

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